Moi, j’aime les chambres d’hôtel, les palaces décrépis au bord de l’eau ( ou du Grand Canal, quand c’est Venise), les restaurants véranda avec hortensias bleus partout, partout (quand c’est Biarritz ) les avec vue sur brume, ou avec vue sur mer, ( quand c’est ailleurs… ) et les jeunes serveurs pressés, et les tout chenus (qui le sont plus pressés, depuis bien longtemps…. et les serveuses d’un autre âge, l’âge de l’hôtel, (et parfois même d’avant…) les, a bas de contention ( parce que c’est un boulot crevant ) les, a chaussures lassées e ta permanente bleutée (avec un peu de chance) ;il y en a encore en Italie, des comme ça
et ne me demandez pas pourquoi ,
surtout en Toscane !
parce que c’est
comme ça
Longtemps, une serveuse Toscane elle m’a suivi (ou c’est moi qui la suivait ) ça, je ne l’ais jamais su ; tout ce que je sais, c’est qu’elle et moi, et pendant quoi…15 ans , 20 ans, toutes les deux on se retrouvaient dans le même hôtel, moi a manger et elle a servir
elle servait, et moi je mangeais ce qu’elle servait
et on étaient toutes les deux
et puis, il y avait les Autres
C’était un vieux, un beau restaurant qui donnait sur les toits et la campagne toscane, avec des ifs en point virgule, qui la ponctuait, ma campagne toscane, et plein d’hirondelles derrière les vitres ou je mangeais, de plus en plus prés, de plus en plus prés elles volaient, surtout quand septembre arrivait
la, juste, avant l’hiver…
Et elles bavardaient
mes hirondelles !
elles bruissaient, elles causaient, mes hirondelles ; elles papotaient a organiser leur voyage, la ou elles allaient partir, toutes en colonies.
Je n’ais jamais su ou
elles ne m’ont jamais rien dit
Mais, une hirondelle…..
une hirondelle , ça a plein de secrets .
Elle avait un visage de Madone, ma serveuse toscane, celle qui me suivait (ou que je suivais… ça je l’ais jamais su ) celle du restaurant a hirondelles, un bel ovale de Madone a la Piero Della Francesca, juste descendu de son cadre pour moi, et aussi pour m’offrir le fromage, et puis son bel ovale, ma Madone de Piero Della Francesca. Et pendant quoi…. 10 ans , 20 ans…. elle l’a gardé, son bel ovale, ma Madone de Piero Della Francesca
un tableau, ça ne fane pas
et chaque année en offrande je lui apportais un parfum, le mien. C’était Olène de Dyptique ( et ça l’est toujours) avant que ça devienne cher et tendance et magazines féminins… enfin voyez, ce genre de trucs) quand c’était encore confidentiel ; et moi, que je la mettais dans ma confidence, ma Madone de Piero Della Francesca ;
et toutes les deux on sentaient pareil
Puis elle est partie
Mais une Madone
une Madone
ça ne part pas !
Souvent, dans un musée, devant un tableau de Piero Della Francesca , je le sens mon parfum, Oléne deDyptique,
et je reste la
a le regarder
J’aime les serveuses d’un autre âge, l’âge de l’hôtel ( ou parfois même d’avant)
mais faut se dépêcher, parce que ça disparaît
ça disparaît
forcément…
J’aime l’appareil cireur sur le palier, celui qui ne cire rien, vu que les Nikes, ça ne se cire pas.
J’aime les clés des portes quand c’est pas des cartes qui allument la lumière en même temps
et qui coincent,
forcément ..
j’aime les vieux numéros de porte qui s’effacent et qu’on se trompe de porte et qu’on dit
désolée mais ….
…..ça ne va pas chercher loin ! Mais tout de même, c’est déjà ça !Et c’est déjà ailleurs ( quand il n’y a pas d’ailleurs….) et aussi les boutons de porcelaine des portes(toujours fêlés, a force d’ouvrir, de fermer, d’ouvrir, de fermer ..
J’aime le silence et les couples sur le velours rouge des grands escaliers, et aussi ceux dans l’ascenseur, ceux
qui disent rien
non plus
J’aime les canapés dans les couloirs qui ne servent a rien (sauf qu’un fois, a Rome, j’ ais vu des gens qui fumaient)
mais, ça ne compte pas
c’était des anglais
J’aime les Grands Hôtels et leurs noms, les Bellevue et Beau Rivage et Belle Rive ou du Lac (quand y en a un), la ou tout est beau, beau
même quand ça ne l’est pas
J’aime faire l’amour dans les chambre hôtel ( même quand je ne l’aime pas)
j’ais appris cela il y a longtemps
avec champagne avant ( parfois )
et seule après ( toujours)
…..le champagne du Maitre d’hôtel (ou celui du mini bar quand y a plus de Maitre nulle part) parce qu’il est trop tard
la ou tout est mini… mini et hors de prix
justement parce que c’est mini !
Je me revois dans ma première chambre d’hôtel avec mon premier client
et c’était pas un grand hôtel…
et c’était pas un client de l’hôtel…
juste
un client…
C’était il y a bien longtemps
Il a pleuré dans mes bras parce qu’il ne pouvait pas, mon premier client, et moi je l’ais consolé, comme un enfant. Il avait un nom a particule, un de machin, de truc….ça je me souviens plus. J’ais tout essayé pourtant ; j’ai fais tout ce que j’ais pu
mais il a pleuré… il a pleuré
tout simplement
Après il a m’a dit « Viens, j’ais une jaguar décapotable , on va faire un tour ! » et moi j’ais répondu :
j’aime mieux le train ,
je sais… je sais … c’était pas vraiment spirituel !
mais je m’en dépêtrais pas !
Et puis
la repartie facile
c’est comme le reste
ça s’apprend !
Et c’est au bar de mon premier hôtel ( celui qu’était vraiment, vraiment pas grand ! ) que j’ais rencontré Michel Ange
sauf que c’était pas son nom
mais, ça je le savais
ça ne l’est jamais !
Et, pour Michel Ange j’en ais fait des hôtels, et des hôtel, et des hôtels….